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vendredi 25 février 2011

Toutou avec Patrick Chesnais et Sam Karmann*

Alex rentre de sa balade avec Toutou sans Toutou. De là, une heure et demi d'échanges, de disputes, de confidences avec Zoé sa femme, Léo son fils et Pavel, son meilleur ami qui débarque à l'improviste. Le chien est juste un prétexte pour créer une tension et déclencher des dialogues extrêmes, mais l'écriture et la construction sont faibles. On attend des rebondissements qui ne viennent pas. Patrick Chesnais est obligé de surjouer pour créer des changements de rythme. Il devient tout rouge, fait sortir ses veines à plusieurs reprises ! Malgré ses efforts et la qualité d'interprétation de Sam Karmann, une bonne mise en scène et une jolie déco, la pièce tourne en rond, se mord la queue et nous on tire la langue...
Personnellement, je pense que vous n'êtes pas obligés de sortir pour Toutou. MBS

mardi 22 février 2011

Papa was not a Rolling Stone de Sylvie Ohayon**

Sylvie Ohayon vient d'avoir quarante ans et je crois que pour elle, ce livre était vital. Il faut dire que cette jeune femme a, dès la première seconde de sa vie, connu l'itinéraire d'une enfant pas gâtée, c'est le moins qu'on puisse dire. Née par erreur, d'une mère juive tunisienne atterrie à La Courneuve, cité des 4000 et d'un père Kabyle qu'elle ne connait pas, Sylvie n'est pas la bienvenue. Adoptée quelques années plus tard par le mari de sa mère, qu'elle refusera, malgré les coups, d'appeler papa, elle vit un enfer. Dotée d'une intelligence largement au dessus de la moyenne, elle décide très tôt qu'elle s'en sortira. Grâce à l'amour inconditionnel de sa grand-mère maternelle, à ses lectures, à son travail acharné et quelques belles rencontres, Sylvie fait son chemin, contre vents et tornades. Elle mène un vie de combattante dans cette cité colorée, mélangée, mais où l'amitié est encore possible. Elle "montera" à Paris y chercher tout ce qui brille au sens propre comme au figuré.
Ce livre est à la fois poignant et agaçant par ses jugements souvent à la serpe. Sylvie est une guerrière qui pour se protéger n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge ! Quand on appartient, comme moi aux bourgeoises du XVIème, on en ressort criblé de balles.
Le style est celui d'une publicitaire, beaucoup de brio et de jolies formules qui font mouche, mais une certain désordre dans la structure, qui traduit, je suppose, un désordre réel. Souhaitons à Sylvie de trouver enfin une certaine sérénité. A lire.
PS : j'ai eu envie de voir la tête de Sylvie mais aucune photo sur le net. Je crois que Sylvie se cache...

Le mot du mardi de Joël Guenoun

mardi 15 février 2011

Angèle et Tony d'Alix Delaporte***

Dès les premières images, Clotilde Hesme troue la pellicule avec son jeu sobre mais profond. On ne peut plus la quitter des yeux et heureusement car elle est présente de la première à la dernière image.
Petite inquiétude les quelques premières minutes ou l'on craint d'être embarqué dans un film réaliste français chiant.
Mais assez rapidement, je me suis dis que ce film avait de nombreuses similitudes avec L'été Meurtrier, l'un de mes films cultes.
Angèle est un peu "Elle" (alias Isabelle Adjani) en jean et blouson de cuir et honnêtement elle tient la comparaison en tant qu'actrice. Comme Elle, Angèle est une fille libre, qui surprend par ses réactions, parle peu et cache un secret. Tony n'est pas garagiste comme Pinpon (alias Alain Souchon) mais marin pêcheur. Comme dans l'été meurtrier Angèle s'installe dans la maison familiale avec la belle-mère qui la regarde avec méfiance et Tony essaie de la protéger mais ne sait pas vraiment comment s'y prendre. Le tout se déroule sur fond de port Normand (Port- en Bessin), de ciel gris et de grosses vagues et de mal-être des marins-pêcheurs.
Un film très maîtrisé, sans longueurs ni fioritures. Une très belle surprise. MBS.

Le mot du mardi de Joël Guenoun


Cherchez l'amour, vous verrez, vous allez le trouver !

lundi 14 février 2011

Le reste est silence de Carla Guelfenbein****

Tout d'abord "Le reste est silence" repose sur une véritable intrigue qui nous met en haleine et nous pousse à tourner les pages sans nous arrêter. A l'occasion d'un banquet Tommy, caché sous la table, découvre que sa mère, Soledad, n'est pas morte d'une rupture d'anévrisme mais qu'elle se serait suicidée. Tommy, qui enregistre tout sur son MP3, décide de mener l'enquête et tel un agent secret, de partir à la découverte de dix choses sur sa mère, dont il ne sait pas grand chose.

Le reste est silence est un roman construit autour de trois voix, trois voix intérieures : celle de Tommy, un garçon fragile de 12 ans dont la mère est morte quand il n'avait que 3 ans, de Juan son père chirurgien aimant mais distant qui s'enferme dans son métier pour éviter d'avoir à affronter ses démons et d'Alma sa deuxième femme, au passé douloureux, qui tente de maintenir un équilibre dans cette famille recomposée et meurtrie.

Chapitre après chapitre, nous découvrirons dix lourds secrets concernant Soledad et nous lirons les mots que les trois protagonistes de ce roman ne peuvent pas se dire, de peur de l'affrontement, de peur de casser un équilibre de façade, de peur aussi de se fissurer eux-même.

Un très beau roman, d'un auteur Chilien, Carla Guelfenbein, à l'écriture fluide et poétique, sur les non-dits, leurs poids et leurs conséquences.

Parfois, les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre. Voilà pourquoi j'aime bien enregistrer les adultes ...

...C'est papa, avec cette voix de docteur qu'il ne laisse jamais à la maison. S'il me surprend à enregistrer les adultes, il va piquer une belle colère. Il appelle ça ?une atteinte à la vie privée des gens?. Mais je me demande un peu ce que c'est, la ?vie privée?. Si je comprends bien, c'est ce qu'on fait et ce qu'on ressent quand on est seul. Dans ces conditions, ces conversations n'ont rien de privé...

MBS

vendredi 11 février 2011

Rien à déclarer de et avec Dany Boon*

J'aime beaucoup Dany Boon, c'est un garçon drôle, sensible, intelligent, modeste même s'il est assez sûr de ses talents.
Mais que dire de Rien à déclarer ? Pas grand chose. Par son scénario sans grande subtilité (même si le point de départ est original), par le jeu caricatural des acteurs, on a l'impression que ce film est une mauvaise adaptation de BD. Et puis, à tous les plans (mais aussi avec l'affiche) on pense au Corniaud avec Bourvil et De Funès (le trafic de drogue, la deuch' qui part en brioche et qui ici est une 4 L, les naïfs Bourvil et Boon face aux nerveux De Funès et Poolvoorde...). Alors bien sûr, je n'ai pas boudé mon plaisir et j'ai souri voire plus, aux quelques bons mots et scènes assez drôles.
Mais j'ai vraiment eu le sentiment d'avoir vu un vieux film peu inspiré.
Souhaitons à Dany (mais aussi à Karine Viard la boulangère, la charcutière, la tenante de café), de savoir se renouveler pour son prochain film.
Dans l'immédiat, vous pouvez vous contenter de la bande-annonce et dans 1 ans vous pourrez le voir à la télé, éventuellement en faisant autre chose. MBS.

mercredi 9 février 2011

La Convocation de Herta Müller***

J'ai découvert dans les rayons de la FNAC, Herta Müller, prix Nobel de littérature 2009. J'avoue que je n'avais jamais entendu son nom. Il fallait réparer ce manque.
Herta Müller est née en 1953 en Roumanie dans une zone Germanophone. En 2007, elle fait partie d'un échange entre l'Allemagne et La Roumanie. Elle s'installe à Berlin, 2 ans avant la chute du mur. Pendant, toutes ces années roumaines, elle a été contrainte au silence et soumise à la pression constante de la dictature de Ceaucescu. Elle sera publiée en Allemagne avec les mots qu'elle a enfermés en elle depuis des années.
La Convocation est un témoignage de la vie dans une dictature, roumaine ou autre.
L'auteur, harcelée par la police, par ses supérieurs, par ses voisins, raconte sa vie ponctuée par des convocations, pour avoir fait une mauvaise blague. Convoquée à dix heures précises, quelque soit le jour, elle se crée des rites pour affronter Albu, un commandant pervers qui lui inflige pour démarrer leur entrevue un baise-main baveux, qui lui broie les doigts. Autour d'elle, chacun essaie d'échapper à la pression à sa façon : son mari boit, sa voisine s'imagine en riche gagnante de la loterie et d'autres en meurent. Dans une écriture poétique Herta Müller dessine la vie de ces êtres qui vivent comme des fantômes, en dehors d'eux mêmes.
Pour Herta Müller la vie dans en dictature n'offre que quatre possibilités.
Je passai en revue toutes les possibilités d'en avoir assez du monde. La première et la meilleure: comme la plupart des gens, ne jamais être convoqué et ne jamais perdre la tête. La deuxième : ne jamais être convoqué mais perdre la tête comme la femme du cordonnier et madame Micu...La troisième : être convoqué et perdre la tête comme ces deux femmes que l'on avait rendues folles dans cet établissement (le commissariat). Etre convoqué et ne jamais perdre la tête, comme Paul et moi, est la quatrième.
Un beau texte écrit comme une divagation, dans laquelle parfois, nous aussi nous nous perdons.
Un témoignage universel des dégâts des dictatures. MBS

jeudi 3 février 2011

Jewish Connection avec Jesse Eisenberg***

J'ai vu ce film il y a près d'un an, lors du Festival du film Israélien de Paris. Je pense que sans le succès de Social Network avec Jesse Eisenberg dans le rôle de Mark Zuckerberg, ce film ne serait jamais sorti sur les grands écrans et cela aurait été dommage. Ce film est réalisé avec peu de moyen mais beaucoup de talent. L'immersion dans le Brooklyn des juifs hassidiques est touchante et réaliste. On rentre dans l'intimité de cette communauté. Et puis, il y a Jesse Eisenberg, en ado rebelle, qui ne supporte plus que son père sans remette à Dieu pour tout. Lui veut autre chose, il veut de l'argent pour pouvoir acheter une nouvelle gazinière à sa mère et vivre différemment. Il s'embarquera dans de sales trafics, sans réellement comprendre ce qu'il fait. Et là, le film nous entraînera dans des bouges, des boites de nuits glauques, à la rencontre d'hommes de peu de moralité et de femmes si loin de celles que l'on rencontre à Brooklyn. Ce film est un vrai polar donc, je ne vous en dirai pas plus. Basé sur des faits réels, Jewish Connection, est un film sombre sur le fond et sur la forme, qui peut aussi mettre mal à l'aise. A voir. MBS.

mercredi 2 février 2011

Le discours d'un roi avec Colin Firth****

Tout est là pour faire de ce discours d'un roi, un excellent film : un fond historique complexe à une période critique ( 1936-1940), un prince (second fils du roi) bégayant et réservé qui ne doit pas et ne veut pas devenir roi mais qui le deviendra pour des raisons inédites dans l'histoire, une réalisation et des images magnifiques, des décors sublimes sans rien de pompeux, une mise en scène qui aurait pu tomber du côté théâtral (très peu de scènes en extérieur et pas réellement d'action) mais qui a du rythme, des dialogues ciselés plein d'intelligence, de finesse et d'humour, d'excellents acteurs qui jouent chacun avec brio et nuance de beaux rôles de composition. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le plaisir de la découverte . MBS.

PS : L'affiche française n'est vraiment pas terrible.

mardi 1 février 2011

Le mot du mardi de Joël Guenoun

Concentrez-vous bien et vous verrez le bouledogue !

(c) Joël Guenoun

Des gens très bien d'Alexandre Jardin***

J'ai le même âge qu'Alexandre Jardin. J'ai fait sa connaissance avec Fanfan à la fin de mes études à 23 ans. Depuis, je suis ses livres, son parcours et les attaques dont il fait l'objet de la part même de ceux qui ne l'ont jamais lu. Depuis le début, Alexandre agace voire exaspère les journalistes et les bien-pensants. On lui a reproché sa puérilité, son refus de devenir adulte, disons-le, sa niaiserie. A ça, Alexandre Jardin répond : "Ce qu'on me reproche, je le revendique".
C'est probablement pour ces mêmes raisons que j'ai de l'affection pour lui, au delà de ses livres. Oui, j'ai aimé Fanfan, Le Zèbre, Bille en tête... dans lesquels Alexandre Jardin mettaient tant d'imagination et d'énergie pour construire un monde rose et merveilleux. Bien sûr, il fallait lire ces livres comme des fables faites pour souffler un peu d'une réalité souvent si différente. Et puis un jour, je l'ai croisé dans une pharmacie du XVIIe. Il était apparemment venu chercher sa dose d'anti-dépresseurs. Rose dehors, noir dedans. Troublée, je n'ai pas osé lui parler, mais je me suis dit que ce jeune homme devait gérer bien des paradoxes.
Samedi dernier, j'ai entendu Eric Naulleau dans l'émission Ca balance à Paris, vomir son mépris sur Alexandre Jardin, un mépris épidermique, déraisonné. J'ai couru acheter "Des gens très bien" et l'ai lu d'une traite. Avec ce livre, Alexandre Jardin laisse tomber le rose pour le noir profond. Il crie sa douleur d'être le petit-fils de Jean Jardin Directeur de Cabinet de Laval de mai 1942 à octobre 1943, donc pendant la rafle du Vel d'hiv de juillet 1942. Une fois de plus la critique lui tombe violemment dessus. J'ai beau lire et relire les reproches qui lui sont faits, je ne les comprends pas. On lui reproche d'être pompeux, maladroit (après lui avoir reproché d'être simplet). On lui reproche de déterrer des cadavres et de trahir les siens pour faire du papier (C'est vrai, que cette vérité est gênante). On lui reproche d'attaquer sans preuve car effectivement il ne reste aucune trace du moindre trait de stylo de Jean Jardin, ni chez lui, ni aux archives nationales, ni nulle part. Certains en déduisent donc qu'il n'y a rien à voir, Alexandre s'interroge sur ce vide absolu pour le moins surprenant. Ce qui reste, ce sont des amitiés avec des personnalités du régime de Vichy, des intellectuels favorables aux lois anti-juives, des allemands si raffinés en mission en France. Après-guerre, Jean Jardin ne sera plus résident en France mais en Suisse. Il alimentera fortement le financement occulte des partis français de gauche comme de droite, se garantissant ainsi une certaine protection. Alexandre Jardin a écrit se livre pour mettre fin au travestissement de la réalité, pour que la vérité soit dite, que la question de la cécité de sa famille et de nombreux Français pendant la seconde guerre mondiale soit posée, pour "se laver de son ADN", pour pouvoir renaître.
Publier ces pages encolérées reste pour moi une réparation minimale. Elles me permettent de renoncer aux bénéfices sympathiques de notre légende et assurent une certaine sape de notre crédit...Je signe ces pages comme on refuse un héritage devant notaire. Pour sectionner une filiation après l'avoir reconnue. L'abaltion du passé suppose forcément la trahison; afin de ne pas se trahir.
C'est un texte très bien écrit, qui prend aux tripes... et à la conscience. On a le sentiment d'un livre historiquement documenté (même si ce n'est pas un document d'histoire), mûri pendant de nombreuses nuits blanches et finalement écrit en un jet avec une plume qui ne peut plus s'arrêter de questionner, de saigner. Il y a certes quelques excès, mais ne nous trompons pas, il s'agit là d'une oeuvre littéraire, du cri d'un homme qui souffre "Le nain jaune (son grand-père) avait contribué à désenjuiver la France; cela fait dix ans que j'essaie de l'enjuiver". Pour moi, un livre à lire absolument.
Sur la même thématique "enfant de salauds", regardez la vidéo de Gérard Garouste, dont le père antisémite affiché, s'est "nourri" des biens des juifs pendants la guerre. Extrêmement touchant.